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Friches agricoles Donnez un toit à la famille busard contre une vingtaine de campagnols par jour

La friche, mal aimée des agriculteurs car improductive, pourrait devenir sa meilleure alliée. Un minimum d’entretien pourra en faire un véritable refuge pour une multitude d'auxiliaires des cultures notamment les busards, prédateurs des campagnols des champs.

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La découverte d'une nichée de busards cendrés dans une parcelle agricole à la récolte contraint à la mise
en place d'un périmètre de protection. (© Daniel de Sousa, Lpo)
Une famille de busards en période d’élevage peut consommer jusqu’à vingt campagnols par jour. Alors qu’une parcelle de moins d’un hectare peut accueillir quatre à cinq couples de busards, leur présence limitera de façon significative la prolifération des micromammifères, souvent responsables de dommages aux cultures.

Cette forme de régulation intéresse fortement certains agriculteurs de la Bièvre, très concernés par les problèmes de surabondance de campagnols en 2012. La Lpo Isère a été sollicitée afin de trouver des solutions naturelles et efficaces pour limiter la prolifération des micromammifères dans les parcelles. A titre d’exemple, le renard roux (Vulpes vulpes) a été déclassé temporairement du statut de nuisible, l’installation de perchoirs et de nichoirs pour les rapaces et l’amélioration de la fonctionnalité des haies champêtres ont été envisagées.

Des friches et des busards

Dans la région Rhône-Alpes, certaines parcelles agricoles non entretenues (peu productives, inondables, en déprise...) peuvent servir de refuge pour un grand nombre d'espèces et acquérir un intérêt agro-écologique notable. Ces espaces sont très souvent mal perçus, puisqu'ils symbolisent une déprise de l’activité agricole et un abandon des terres. Pourtant, ces îlots de biodiversité constituent de véritables trames vertes dans un paysage parfois trop uniforme. Ils jouent à la fois le rôle de réservoirs de biodiversité et de corridors nécessaires à la faune qui y trouvera de quoi se nourrir, s’abriter et se reproduire.

En effet, dans les plaines céréalières telles que la plaine de la Bièvre en Isère, mais aussi dans le Rhône ou la Loire, agriculteurs et naturalistes sont souvent contraints d’intervenir pour éviter la destruction des nids de busards cendrés (Circus pygargus,), une espèce protégée. La protection des nichées en milieux agricoles exige beaucoup d’énergie de la part de chacun des acteurs. Les espaces laissés verts évoqués ci-dessus peuvent offrir la possibilité aux busards, comme à d’autres espèces auxiliaires des cultures (passereaux insectivores, reptiles, amphibiens...), de s'y installer pour la nidification. Le travail des agriculteurs, mais aussi des protecteurs des busards, serait largement allégé et les cultures profiteraient de la présence de ses alliés.

Equilibre naturel entre prédateurs et prédatés

Dans le département du Rhône, certaines friches accueillant plusieurs couples de busards ont été conventionnées avec le Cen (Conservatoire des espaces naturels), les agriculteurs, les fédérations de chasse et les associations naturalistes afin de les préserver et de les pérenniser dans le temps.

Pour conserver leur fonctionnalité, "les friches", ou îlots de biodiversité, doivent être entretenues afin d'offrir un espace ouvert adéquat à la faune des plaines agricoles et abriter une plus grande diversité d’espèces. Il est nécessaire de maintenir en permanence une strate herbacée basse afin d'éviter le développement d’arbres à hautes tiges qui pourraient perturber le travail agricole et attirer des espèces problématiques pour les productions, telles que les corvidés ou le gros gibier. Ainsi, les parcelles peuvent être gérées de manière extensive, selon un cahier des charges simple et peu contraignant, prenant en compte la gestion des espèces envahissantes. De cette manière, ces îlots entretenus joueraient pleinement leur rôle, en recréant un équilibre naturel entre prédateurs et prédatés. A court terme, la valorisation des friches en espaces verts utiles permettrait de créer un maillage géographiquement et stratégiquement de parcelles entretenues, bénéfique pour tous, agriculteurs, chasseurs, naturalistes et faune sauvage.

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